Des débuts de règnes difficiles (1519-1521):
Sa première difficulté fut de faire reconnaître son autorité en Espagne.
Les Aragonais voulaient conserver les droits particuliers de leurs
provinces, les Castillans reconnaissaient sa mère Jeanne-la-Folle comme
seule souveraine, et d'une façon générale, les Espagnols craignaient que son
élection à l'Empire ne le tourne trop vers l'Europe centrale. Aussi,
lorsqu'il partit visiter l'Allemagne en 1520, la révolte éclata à Tolède.
Elle fut réprimée, mais il fallut attendre le retour du souverain en Espagne
en 1522 pour que son pouvoir cesse d'être contesté.
La lutte contre la France et la sixième guerre d'Italie (1521-1526):
Le conflit avec la France commença en 1521. Les Français envahirent la
Navarre, mais connurent des revers dans les Pays-Bas. Comme la guerre
n'aboutissait pas, un congrès se tint à Calais, possession anglaise. La
médiation du roi d'Angleterre
Henri VIII fut
un échec et au contraire, il conclut avec l'Empereur une alliance: la France
était attaquée par la Picardie et par l'Espagne.
Pendant ce temps, la guerre continuait dans le Milanais. L'union avec
Léon X en 1520
permit aux Impériaux de récupérer Milan (1521). Parme et Plaisance furent
rendues à l'Eglise. La déroute française continua après la mort du pape en
1522, avec la défaite de la Bicocque. L'année suivante, Charles Quint se
décida à envahir la France. Une armée impériale commandée par un traître
français, le connétable de Bourbon, tenta une percée en Provence, mais fut
arrêtée. Au nord, les Anglais furent humiliés, en Bourgogne, les Allemands
repoussés et en Guyenne, les Espagnols arrêtés. Ces succès éblouirent
François 1er qui se
remit en marche pour le Milanais. Mais la campagne fut catastrophique et se
termina à Pavie par sa capture (1525). Il fut transféré en Espagne où
Charles Quint l'humilia en le traitant avec cruauté. François 1er menaça
d'abdiquer, ce qui aurait enlevé à Charles Quint les fruits de la victoire.
Finalement, il le contraignit à signer le Traité de Madrid en échange de sa
libération (janvier 1526), mais celui-ci ne fut jamais appliqué.
Le revirement des alliers de Charles Quint et la septième guerre d'Italie
(1526-1529) :
La toute puissance de Charles Quint inquiétait ses alliés:
Henri VIII se
rapprocha de François
1er et le pape Clément VII se mit à la tête d'une ligue d'états
italiens. Elle fut vaincue, et le connétable de Bourbon qui devait payer ses
troupes alla mettre Rome à sac (1527). Le pape fut fait prisonnier au nom de
l'Empereur, ce qui provoqua l'indignation de toute l'Europe. Comme la guerre
s'éternisait et devenait coûteuse,
François 1er et
Charles Quint signèrent la paix de Cambrai (août 1529) où l'Empereur
renonçait définitivement à la Bourgogne. L'année suivante il visita
l'Italie, réinstalla les Médicis à Florence et se fit couronner roi de
Lombardie et Empereur des Romains par le pape.
La croisade contre le Turc: François 1er
ayant signé ses Capitulations avec le
Turc, et Venise
préférant négocier ses intérêts pacifiquement, Charles Quint se retrouva
seul en Chrétienté à s'opposer aux Ottomans. Il dut surveiller la frontière
avec la Hongrie et la Méditerranée occidentale. A l'est, le Turc prit
Belgrade en 1521, puis Rhodes et ne fut arrêté devant Vienne qu'en 1529. Le
Turc s'avança
également en Méditerranée occidentale aidé par ses corsaires (dont
Barberousse et
Dragut). Il
s'empara notamment de Tunis en 1534 (que
Doria reprit
l'année suivante), d'Alger (1541), de Tripoli (1551), de Penon (1554) et de
Bougie(1555).
L'or des Indes:
C'est en 1503 que fut crée la
Casa de Contratacion
qui exploitait les possessions américaines. Mais l'argent n'afflua vraiment
qu'après la découverte des gisements du haut Pérou en 1545. L'argent étant
le nerf de la guerre, Charles Quint aurait certainement connu plus de succès
si cette découverte avait été plus précoce. En 1545, les jeux étaient faits:
le Turc avait triomphé en Méditerranée et la France n'avait pas cédé d'un
arpent de son territoire. En outre, l'argent ne fit que traverser l'Espagne
et permit surtout aux autres puissances de créer des emplois.